C'est en 1962 qu'eut lieu à Moscou la création de la Symphonie N°13 "Babi Yar" pour basse, chœur de basses et orchestre en si bémol mineur op. 113 de Dimitri Chostakovitch. Kirill Kondrachine dirigeait alors l'orchestre russe. La partition est conçue sur des poèmes d'Evgeni Evtouchenko dont le compositeur disait à son propos : "Evtouchenko a fait beaucoup de choses pour le peuple, pour le peuple des lecteurs. Ses livres étaient édités à des tirages immenses. Si l'on additionnait ne serait-ce que les tirages soviétiques, on obtiendrait certainement plusieurs millions d'exemplaires. Peut-être même plus. Car certains poèmes d'Evtouchenko, très importants pour nous, ont été publiés dans les journaux. Par exemple "Les Héritiers de Staline", dans la Pravda, "Babi Yar" dans la Literatournaïa Gazeta. Et ce sont tous des tirages qui se chiffrent par millions. Je crois que les poèmes d'Evtouchenko comme ceux que j'ai cités sont francs et honnêtes. Ils serait bon que chacun les lise". A la tête de l'Orchestre Symphonique Giuseppe Verdi de Milan, Oleg Caetani offre une vision décantée voire « légère » de l'oeuvre de Chostakovitch. Ce qui bien évidemment ne peut être considéré comme une approche idéale. Dans cette optique, la voix de Pavel Kudinov ne peut offrir le poids tragique traversant la partition. Malgré une prise de son d'une ampleur enthousiasmante mettant en lumière des détails insoupçonnés, ce volet, d'une intégrale aujourd'hui achevée, est une déception.

Jean-Jacques Millo