Pour son sixième SACD, Julia Fischer revient au concerto pour violon russe avec celui de Tchaïkovski. Composée pendant une des périodes les plus difficiles et douloureuses de la vie du musicien, la partition fut créée avec le Wiener Philharmoniker en 1881. La Sérénade Mélancolique Op.26 pour violon et orchestre, en un seul mouvement andante, date de 1875. La Valse-Sherzo Op.34 fut dédiée au violoniste et ami intime du compositeur, Joseph Kotek. Souvenir d'un lieu cher Op.42 pour violon et piano est une œuvre faisant référence à la somptueuse demeure de la baronne von Meck, inspirée par l'architecture du château de Versailles et dans laquelle Tchaïkovski aimait à s'y reposer seul. Julia Fischer retrouve Yakov Kreizberg et l'Orchestre National Russe pour ce qui est certainement un de ses plus beaux enregistrements. Avec une approche d'une réelle originalité, en regard du nombre de versions de ce concerto, la violoniste allemande insuffle à la partition un souffle nouveau dans lequel, hormis une technique toujours aussi éblouissante, une vision intimiste d'une poésie absolue se fait jour. Son archet caresse les cordes de l'instrument avec plus de finesse élégiaque que de poids romantique. « La légèreté » de l'ensemble n'en demeure pas moins d'une force tangible à la fois passionnée et intérieure. Une nouvelle fois, Julia Fischer fait preuve d'une intelligence interprétative rare. Yakov Kreizberg connaît parfaitement sa partenaire et l'entoure d'un accompagnement orchestral idéal. Et lorsqu'il se met au piano pour Souvenir d'un lieu cher, l'osmose est parfaite. Voici donc un disque unique pour notamment, une vision originale d’un Concerto pour violon souvent joué et enregistré mais rarement habité.
Jean-Jacques Millo Disponible sur | |
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