Rigoletto est sans doute l’un des populaires opéras de Verdi et l’un des plus réussis aussi. Adapté du drame romantique de Victor Hugo, Le roi s’amuse (1832), le livret est lui dû à Francesco Maria Piave. L’histoire qui se passe en pleine Renaissance à la cour d’un certain Duc de Mantoue au lieu originellement de celle de François Ier et de son bouffon, Triboulet, est celle du fou Rigoletto qui découvre que sa fille, Gilda, a été séduite par le Duc de Mantoue, homme aux multiples conquêtes féminines que notre Rigoletto a lui-même encouragées et saluées (la véritable relation en fait se passe entre ces deux hommes qui ne cessent de s’envier). Evidemment, à ce moment-là, le destin de notre bossu bascule, surtout quand on lui enlève sa fille… Il décide de se venger et emploie un tueur à gage, Sparafucile et tout va se retourner contre lui… Dans cette représentation donnée en décembre 2004 à Barcelone, une fois encore, les décors et costumes sont hideux. Pourquoi affubler notre Rigoletto d’une grotesque bosse dont le côté plastique se voit énormément, ainsi d’ailleurs que l’épiderme dont on a revêtu son dos et son torse ? Et même de bretelles ? Cela ne s’arrange pas avec les décors tournants, d’une froideur confinant à la frigidité, ou aux éléments modernes totalement déplacés comme un grand ventilateur tournant accroché au plafond et j’en passe et des meilleurs dans le même genre comme ce salon penché au milieu de la scène ?! Ce genre de décors et de mise en scène sont tellement à la mode de nos jours qu’ils sont là non pas pour servir l’opéra mais l’ego des décorateurs ou des metteurs en scène, histoire que l’on se souvienne d’eux par la bizarrerie « moderniste et déglinguée » de leur réalisation. Sur ce plan, ce Rigoletto n’est guère regardable. A part cet élément, cela s’améliore fort heureusement par les chanteurs et les chanteuses qui tentent avec beaucoup de panache de s’en sortir vocalement, et c’est plutôt une réussite. Carlos Alvarez en Rigoletto, Marcelo Alvarez en Duc de Mantoue, Inva Mula en Gilda, Julian Konstantinov notamment sont remarquables. Là encore, une version qui intéressera ceux qui se passionnent pour les voix et guère pour les décors et la mise en scène.

Yannick Rolandeau

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