Opus Haute Définition e-magazine

Richard Strauss

Elektra

Marjana Lipovsek, Eva Johansson, Melanie Diener, Alfred Muff. Choeur des Opernhauses Zürich. Christoph von Dohnanyi (direction)

TDK DVWW-OPELEK, Intégral Distribution

DVD stéréo / DTS

Richard Strauss signe avec Elektra un de ses meilleurs opéras, effectivement très différent au niveau orchestral du lyrisme du Chevalier à la rose. C’est le premier opéra (crée le 30 octobre 1903) écrit en collaboration avec Hugo von Hofmannsthal. Nous voici projeté dans une tragédie grecque de Sophocle qui voit l’affrontement entre Electre et Clytemnestre. Le grand malheur de ce DVD est que la mise en scène a été confiée à Martin Kušej, metteur en scène de Lady Macbeth de Mtsensk par Mariss Jansons (Opus Haute définition N°18) et de La clémence de Titus de Mozart par Nikolaus Harnoncourt (Opus Haute définition N°12). Nous sommes en pleine mise en scène ultra-moderniste où le seul intérêt est de faire du décalé tout le temps, du décalé qui sent sacrément d’ailleurs le réchauffé. Cela masque l’incompétence des metteurs en scène de penser justement l’opéra qu’ils mettent en scène. Je reprendrai ce que dit David Lodge dans son roman Un tout petit monde en l’attribuant aux metteurs en scène d’opéra : « Un critique de nos jours passe son temps à triturer l'expression la plus évidente pour en extraire mille significations... Son but, en fait, n'est pas de rendre justice à l'auteur, qu'il traite d'ailleurs avec beaucoup de désinvolture, mais de s'encenser lui-même et d'étaler sa science sur tous les sujets et sur toutes les ressources de la critique. » Femmes en sous-vêtements (tic déjà vu dans l’opéra de Chostakovitch avec ici même un homme avec des jarretelles !), décors criards, costumes designs, cela n’arrête pas durant près de 102 minutes. A part cet académisme pompier et postmoderne, Eva Johansson en Electre et Marjana Lipovšek en Clytemnestre, toutes deux d’une grande puissance vocale et d’une présence forte, sont remarquables et réveillent notre intérêt, même si Melanie Diener en Chrysothemis, Rudolf Schasching en Egisthe et Alfred Muff en Oreste sont un peu plus en retrait. Christoph von Dohnanyi parvient à restituer la partition pleine de fureur de Richard Strauss. Mais voilà, vous êtes prévenus, à mon sens, la mise en scène gâche beaucoup de choses…

Yannick Rolandeau

Disponible surIntegralmusic.fr
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