Cet opéra a au moins un intérêt dans la mise en scène comme s’en explique le metteur en scène, Giancarlo del Monaco, ami du regretté chef d’orchestre et compositeur Giuseppe Sinopoli. Notamment celui de donner une ampleur cinématographique à cet opéra fort célèbre de Puccini. Il faut avouer que sa mise en scène est assez belle dans l’ensemble comme notamment ces « fondus enchaînés », c’est-à-dire de faire littéralement une représentation en continu où il n’y a pas de coupure entre le premier et second acte par exemple. Très cinématographique donc. On passe par un habile « noir » de la mansarde de Rodolfo aux rues de Paris sans coupure comme on l’entend habituellement. Sans rideau. Le petit problème ici est que cette bohème ne fait pas très réaliste par moment, enfin pas très bohème justement, et pour tout dire, elle fait un peu « riche » dans les décors (l’immense mansarde par exemple). On ne sent guère la misère, si j’ose dire, même s’il ne faut pas trop en faire dans le côté miséreux… Bref, à part cela, c’est assez inventif, parfois un peu guindé mais l’on ne s’ennuie pas. On peut reprocher trop de distinction et « pas assez de détresse » dans le rôle de Mimi jouée par Inva Mula mais dans l’ensemble, les chanteurs et chanteuses s’en tirent excellemment bien. Aquiles Machado dans le rôle de Rodolfo est assez poignant d’autant que Jesus Lopez Cobos défend aussi vaillamment la partition enflammée de Puccini. Une version qui mérite le détour.

Yannick Rolandeau

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