Reprendre le rôle que Callas avait marqué de sa voix en 1956 n’est pas chose facile. Cet opéra en trois actes d’Umberto Giordano crée en 1898 et inspiré de la pièce de théâtre de Victorien Sardou (que celui-ci écrivit pour Sarah Bernhardt) raconte l’histoire de l’attentat dont le tsar Alexandre II a été victime en 1881. Au premier acte, le comte Vladimir est assassiné. Au second, sa fiancée Fedora donne une fête dans sa demeure à Paris, fête à laquelle elle a invité le meurtrier Loris Ipanoff. On annonce l’assassinat du tsar. Bientôt, Loris Ipanoff et Fedora se déclarent leur amour sauf qu’auparavant, Fedora a donné le nom de Loris et de son frère à une liste de personnes à rechercher… On imagine la suite de l’histoire. Quoi que l’on puisse penser de ce drame vériste mélodramatique, surtout si on imagine Les Démons de Dostoïevski, par comparaison, au niveau de la complexité, cette représentation donnée en mai 1993 est une complète réussite : décors adéquats, costumes parfaits, et interprètes d’exceptions. Imaginez en plus Mirella Freni en Fedora et Placido Domingo en Loris Ipanoff qui sont tout à fait remarquables, criant de vérité pour tout dire, tellement ils vivent ce qu’ils chantent. Les autres rôles sont d’ailleurs tout aussi crédibles. Gianandrea Gavazzeni à la tête de l’orchestre du théâtre de la Scala est tout à fait à son aise et la captation est fine et subtile, voilà un DVD qui restera dans les annales.

Yannick Rolandeau

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