Daphné est un opéra de Richard Strauss qui eut des problèmes avec son librettiste Joseph Gregor après la collaboration impossible avec Zweig. Cet opéra raconte l’histoire, d’après Les Métamorphoses d’Ovide (livre toujours aussi exceptionnel !) de Daphné qui aime la nature et a bien du mal à aimer la civilisation humaine. Après quelques péripéties, Daphné est immortalisée au milieu de la nature de sorte que, transformée en laurier (c’est le principe des métamorphoses d’Ovide), elle puisse connaître les meilleurs d’entre les hommes… Voilà donc une Daphne enregistrée au théâtre La Fenice de Venise en juin 2005 où les chanteurs et chanteuses offrent un spectacle dont on a étrangement l’impression d’être totalement extérieur. Phénomène étonnant car là où on devrait être captivé, nous voilà comme en dehors. On chante et le chant est comme déclamé froidement, comme une routine informatique si j’ose dire. June Anderson en Daphné, Roberto Sacca en Leukippos, Scott Mac Allister en Appolon, Daniel Lewis Williams en Peneios ne parviennent jamais à sortir de cette froideur caractéristique. De plus, la mise en scène est assez statique et la direction d’orchestre de Stefan Anton Reck peine à nous faire vibrer aux cordes lyriques de Richard Strauss. Les décors conceptuels ne restituent pas hélas le charme et la poésie d’une telle histoire. Même filmé en haute définition, cela ne suffit pas à nous faire décoller.

Yannick Rolandeau

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