Opus Haute Définition e-magazine

D. Chostakovitch

Katerina Izmaïlova

Galina Vishnevskaya, Nikolai Boyarsky, Alexander Sokolov, Artem Inotemstev. Chœur et Orchestre du Shevchenko Opera, Ballet Theatre. Konstantin Simeonov (direction)

Decca 074 3137, Universal Distribution

DVD stéréo / DTS

Ce film d’opéra réalisé en 1966 par Mikhail Shapiro a donc tout juste quarante ans. Sorti juste après le soixantième anniversaire du compositeur, il tenta de réhabiliter l’opéra de Dmitri Chostakovitch Lady Macbeth de Mtsensk crée en 1934. L’ouvrage, comme on sait, fut retiré de l’affiche car il déplut fortement à Staline. Plus tard, Chostakovitch réalisa une version plus brève du même opéra, édulcorée certes, et le rebaptisa Katerina Izmaïlova qui fut repris en janvier 1963. Plusieurs autres productions s’ensuivirent et dans le même mouvement, un film est né, tourné avec l’accord du compositeur. C’est donc en premier lieu un témoignage « fidèle » de la vision de Dimitri Chostakovitch. Ce n’est donc pas rien. Evidemment, en comparaison de l’opéra mis en scène par Martin Kusej, ça tranche radicalement. Là, aucun doute, on est bien en pleine Russie et le film ne joue pas d’une mise en scène racoleuse. Les interprètes sont tous remarquables, Galina Vishnevskaya interprétant le rôle-titre avec une grande conviction tout comme les autres personnages, Nikolai Boyarsky en Zinovy, Alexander Sokolov en Boris et Artem Inotemstev en Serguei. Certes, Katerina Izmaïlova a moins de charme que l’opéra original, plus ramassé et sans la puissance de Lady Macbeth de Mtsensk. Le seul problème est que la mise en scène de Mikhail Shapiro est un brin trop naturaliste… C’est un peu étouffant d’autant que les couleurs saturées de la pellicule en rajoutent dans le côté « boueux » du film… C’est bien le seul reproche que l’on pourrait faire à ce film, alors que le niveau de l’interprétation est excellent. C’est aussi le problème de l’opéra lui-même que d’en faire trop dans le côté pathos et au passage d’excuser quelque peu les meurtres de son héroïne. Bref, une version filmique plus qu’honorable.

Yannick Rolandeau

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