Opus Haute Définition e-magazine

D. Chostakovitch

Lady Macbeth de Mtsensk

Eva-Maria Westbroek, Christopher Ventris, Carole Wilson, Vladimir Vaneev. Royal Concertgebouw Orchestra. Mariss Jansons (direction)

Opus Arte OA 0965 D, Codaex Distribution

2 DVD stéréo / DTS

Cet opéra plein de bruits et de fureur connut un grand succès jusqu’à ce que Staline le vit le 26 janvier 1936 à l’opéra de Moscou et que, deux jours plus tard, un article dans la Pravda attaqua vigoureusement l’œuvre de Chostakovitch. Il faut dire que la partition et l’intrigue sont corsées. Ça déménage sacrément. Nous voici du 25 et 26 juin 2006 au Het Muziektheater à Amsetrdam pour une représentation de cette tragédie mélangeant Flaubert (cette Katerina fait diablement penser à une Madame Bovary russe) et Shakespeare. Martin Kusej, metteur en scène désastreux de La Clémence de Titus de Mozart par Harnoncourt (Opus Haute définition N°12) en rajoute des tonnes. Dans l’acte premier, quand une femme se fait violenter, voire violer, l’interprète est mise nue et des mains d’hommes ne cessent de la tripoter. De même dans l’acte deux, quand le beau-père Boris corrige Serguei, l’amant de Katerina, le sang dégouline en abondance du pauvre homme. Martin Kusej connaît-il la suggestion plutôt que l’exhibition (chose coutumière à notre époque) ? Sans compter que l’on se croit obliger de déshabiller fort souvent les interprètes, histoire de pimenter la chose et à ce titre, la scène finale du bagne est absolument hideuse avec des hommes et des femmes, poitrine nue ou en sous-vêtements. Rajoutons aussi que les décors sont fort laids (la maison est une espèce de cage de verre, bonjour le symbole). C’est fort dommage car Mariss Jansons dirige le Royal Concertgebouw Orchestra avec une grande fermeté comme la partition l’exige. Les interprètes sont aussi tous à la hauteur : Eva-Maria Westbroek est une convaincante Katerina, Christopher Ventris est excellent dans le rôle de Serguei. Mention spéciale à l’extraordinaire comédien et chanteur qu’est Vladimir Vaneev dans le rôle de Boris, le beau-père lubrique. Une fois encore, vous avez le choix entre une interprétation musicale de haut vol et une mise en scène déplorable et racoleuse.

Yannick Rolandeau

Disponible surCodaex
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