Opus Haute Définition e-magazine

Glenn Gould

Au delà du temps

Ideale Audience DVD9DM24, Abeille Musique

DVD stéréo

Entre 1972 et la mort du pianiste, Bruno Monsaingeon a fait sept documentaires avec Glenn Gould dont Les Chemins de la musique en 1974 (rebaptisé plus tard Glenn Gould, l'alchimiste). Celui-ci intitulé Au delà du temps commence quasiment par des propos dignes d’un Emile Cioran où le pianiste dit qu’il fréquente peu les artistes car ceux-ci ont un tel souci de leur image qu’ils écartent beaucoup de gens autour d’eux ! Une telle déclaration mérite donc l’attention de son énonciateur. Glenn Gould (25 septembre 1932 - 4 octobre 1982) est surtout connu pour ses interprétations remarquables (dont deux enregistrements) des variations Goldberg de J.S. Bach (1955 et 1981). Il a étudié le piano au conservatoire de Toronto et auprès d'Alberto Guerrero avant de donner de nombreux concerts, essentiellement sur le continent américain, où il joua avec les plus célèbres interprètes (Herbert von Karajan, Leonard Bernstein, Yehudi Menuhin entre autres). Il quitte définitivement la scène le 10 avril 1964, à l'âge de 32 ans, pour se consacrer exclusivement à l'enregistrement en studio et à la réalisation d'émissions de radio et de télévision. Il meurt en 1982 d'un accident vasculaire cérébral. Non seulement le documentaire retrace son parcours mais il contient aussi cinq personnages que Bruno Monsaingeon a inclus comme pour évoquer l’actualité de Gould 25 ans après sa mort et la nature particulière de sa relation avec le public et du public avec lui : la propagandiste de Moscou, une italienne en pèlerinage interrogeant la statue de Gould sur un banc de Toronto, une jeune anglaise de Birmingham, compositrice et pianiste avec les 4 notes du quatuor de Gould tatoués dans son dos, un homme qui enseigne et publie Gould au Japon, et un auditeur qui fabrique des dialogues fictifs avec le pianiste. C’est sans doute la partie la moins réussie du documentaire car très anecdotique et pas très intéressante en soi. Le reste en revanche est passionnant, notamment par le simple fait qu’il y a beaucoup d’images d’archives sur Glenn Gould. Les compositions du pianiste, en revanche, sont peu connues et le film en fait entendre quelques unes dont notamment un quatuor à cordes. Si le documentaire est aussi un peu fouillis, il reste évidemment exceptionnel sur un artiste hors du commun. Incontournable donc.

Yannick Rolandeau

Visuel