Opus Haute Définition e-magazine

Chet Baker

Live in ’64 & ’79

TDK DVWW-JICHB, Intégral Distribution

DVD mono

Chet Baker est non seulement un trompettiste mais un chanteur de jazz né à Yale, Oklahoma, le 23 décembre 1929, et mort à Amsterdam, le 13 mai 1988. Etrange mort par ailleurs due à une chute de la fenêtre de sa chambre d'hôtel. Chet Baker s’initie à la musique à Glendale (orchestre scolaire), puis se produit avec des orchestres de danse. Il se passionne pour le saxophoniste Lester Young. Après la guerre, il étudie l'harmonie et la théorie musicale, mais s'engage dans l’armée par déception amoureuse. Premières jam-sessions avec Dexter Gordon et Paul Desmond. Il déserte et est réformé pour « raisons psychiatriques ». En 1952, il joue avec Stan Getz et Charlie Parker, sort ses premiers disques, collabore avec le saxophoniste baryton Gerry Mulligan, puis en 1953, forme son propre quartet. Il enregistre à la tête de diverses formations, surtout françaises. De retour aux États-Unis (1956), il sombre dans la toxicomanie. Il enregistre beaucoup mais sa carrière devient chaotique à cause de nombreuses poursuites judiciaires. En Europe de 1959 à 1964, il est arrêté, emprisonné ou expulsé à plusieurs reprises. De retour à New York, puis à Los Angeles, il a une existence précaire. Agressé par des dealers à San Francisco (mâchoire fracturée, nombreuses dents cassées), il est dans l'impossibilité de jouer et travaille, entre autres, dans une station service pendant plus de trois ans. Vers 1973, il réapparaît sur scène, enregistre de nouveau, redevient toxicomane et, revient en Europe pour tenter d’échapper à la drogue. Destin terrible comme on le voit. Voici deux enregistrements émouvants l’un de 1964 où Chet paraît encore assez jeune et le second de 1979 où au contraire, il paraît très marqué. Certes, Chet Baker n’est pas un trompettiste de la dimension de Miles Davis ou d’autres mais ce que l’on retient est sa délicatesse, sa fragilité, optant pour un jeu à la limite de la rupture, alternant léger staccato et legato, en de longues phrases sinueuses, sensuelles et vaporeuses, soulignées par des effets de souffle et par la proximité du pavillon et du microphone. Deux concerts très représentatifs de son style où parfois le sentiment du tragique affleure derrière quelques notes. Poignant tout de même.

Yannick Rolandeau

Disponible surIntegralmusic.fr
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