La huitième symphonie de Schubert est très connue. La neuvième un peu moins et c’est fort dommage car Schubert y a mis tout son talent pour être digne de son maître Beethoven. On sent là qu’il a cherché à atteindre une forme évoluée, de faire de la musique sans se renier tout en la portant à un haut degré esthétique. Voici donc une version donnée le 12 et 13 juin 1973 dans la salle dorée du Musikverein à Vienne. Réalisé par Hugo Käch, spécialiste en la matière de tournages musicaux, une fois encore Unitel ne lésine pas sur les moyens. Tout est très beau et quasi cinématographique ; la pellicule donne un charme indéniable à cette réalisation, surtout si on la compare aux captations en vidéo d’aujourd’hui et d’hier. Le hic, si j’ose dire, c’est un peu Karl Böhm qui ne donne pas la « fièvre » nécessaire à cette symphonie malgré un philharmonique de Vienne en grande forme. Ce n’est pas toujours le cas, car il sait donner parfois l’élan ou l’urgence indispensable pour qu’une œuvre atteigne sa vraie dimension. Mais là pas tout à fait… et ça se traîne un peu sans évidemment que l’interprétation soit catastrophique. Nous avons aussi couplé à cette 9ème symphonie, la messe en mi bémol majeur D. 950 de Schubert donnée cette fois-ci le 28 et 20 juin 1976, soit, trois ans plus tard. Karl Böhm semble plus à l’aise dans ce registre-là, sans doute plus cérémonial. L’atout évidemment ici, ce sont des chanteurs exceptionnels comme Peter Schreier, Werner Krenn et Walter Berry. On n’a pas fait mieux depuis dans ce registre et on ne pourra pas faire mieux pourrais-je ajouter ; c’est l’occasion de redécouvrir cette magnifique messe de Schubert pour ceux qui ne la connaissent pas. Un DVD inégal mais avec des atouts majeurs.

Yannick Rolandeau