Nikolaus Harnoncourt divise toujours la critique. Les uns adorent, les autres détestent et d’autres apprécient et rejettent selon les enregistrements. Pour ma part, j’ai toujours eu du mal à m’y faire. J’essaye à chaque fois de faire abstraction du nom mais le son qu’il tire de ses orchestres me paraît toujours très sec. Hélas, c’est encore le cas ici avec ce Requiem donné en 1981. Le « hibou halluciné » a beau faire des grands gestes quasi incantatoires pour donner l’impression que son orchestre et ses chanteurs « s’envolent », cela ne prend pas beaucoup. Si vous écoutez ne serait-ce que le début de ce fort célèbre requiem dans la version de Franz Xaver Süssmayr, la sécheresse de l’orchestre donne le sentiment que ses membres jouent du violon avec des lames de rasoir. Ne parlons pas des cuivres qui claquent comme des portes mal graissées ! J’exagère bien évidemment. On peut louer le fait que Nikolaus Harnoncourt veuille débarrasser le Requiem de Mozart d’un certain pathos (pénible pathos que le XIXe siècle romantique avait affublé à cette oeuvre). Certes, cette optique aurait tout pour plaire, mais est-ce une bonne raison que d’aller dans une interprétation qui ne se soucie pas de « plaire » du tout, c’est-à-dire qu’elle est tellement dépouillée qu’elle en devient aride. Notons qu’évidemment, Harnoncourt utilise des instruments d’époque qui en rajoute dans l’aigre. A cela s’ajoutent des interprètes qui ne font pas grand chose pour redonner un peu d’émotion à cette messe des morts. Alors… Alors, je dois bien avouer qu’au bout d’un quart d’heure, on s’ennuie ferme et on écoute ce Requiem comme du « dehors ». Un peu étrange et un peu décevant, non ? En bonus, la cantate « Komm, du süBe Todesstunde » BWV 161 ne change pour ainsi dire pas grand chose à la donne.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
|