Opus Haute Définition e-magazine

C. Monteverdi

L’orfeo

Simon Keenlyside, Juanita Lascarro, Graciela Oddone, Martina Dike, Stephen Wallace. Concerto Vocale. René Jacobs (direction)

Harmonia Mundi HMD 9909003 04, Harmonia Mundi Distribution

2 DVD stéréo / DTS

Tout d’abord, signalons le luxe de l’édition que l’on prend plaisir à manipuler. Cela n’a l’air de rien mais c’est tout de même important. On s’attend donc à un spectacle de toute beauté avec un tel Orféo, vous savez l’histoire d’Orphée qui avait vaincu les lois de la nature et avait persuadé Pluton de faire revivre Eurydice morte accidentellement. Il ne parviendra pas à vaincre ses propres passions et se retournera pour constater si sa belle le suit sauf que, bien sûr, en faisant cela, il la condamne irrémédiablement… Le début du spectacle est très beau avec cette femme qui chante en se déplaçant dans les airs… Hélas, c’est la suite qui est le point faible de ce DVD dont la représentation donnée le 21 mai 1998 est très très stylisée. Trop peut-être. Tout devient rapidement froid et abstrait et on en perd non seulement le fil de l’intrigue mais tout le concret de celle-ci. Par exemple, les interprètes ne cessent de « danser », de bouger, le tout dans des vêtements blancs très « designés » (d’autres personnages sont en jaune et d’autres couleurs). Sans oublier ce grand cercle au milieu de la scène. Au bout d’un moment, nous avons l’impression d’être dans un halo ouaté et de s’égarer on ne sait où… C’est fort dommage car les interprètes sont excellents (notamment Simon Keenlyside en Orféo, Juanita Lascarro en Eurydice, Graciela Oddone dans La messagère, Martina Dike en Proserpine) sans oublier que René Jacobs dirige son Concerto Vocale avec une grande rigueur. Vous pouvez évidemment fermer les yeux et goûter la beauté sonore de l’ensemble mais ce n’est évidemment pas le but d’un DVD, n’est-ce pas ?

Yannick Rolandeau

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