Programme rare et pertinent que celui proposé par cet enregistrement. Le Concerto pour piano et orchestre n°1 op. 25 de Félix Mendelssohn Bartholdy fut composé par un jeune homme de vingt et un ans, en 1830, et remporta un énorme succès l'année suivante lors de sa création. "Je fus vivement et longuement accueilli, l'orchestre accompagna bien la composition, qui est d'ailleurs assez insensée et qui transporta le public ; après, ils voulaient que je monte sur scène pour m'acclamer, comme c'est l'usage ici, mais j'ai été modeste et n'y suis pas allé", raconte le compositeur dans une lettre à son père. Aujourd'hui, l'oeuvre nous montre un piano volubile, en perpétuel échange avec l'orchestre qui renchérit dans un discours de grande éloquence. Six ans après ce triomphe, Mendelssohn revint au concerto pour piano avec son opus 40. Mais cette fois, le succès ne fut pas vraiment au rendez-vous et malgré la fièvre qui caractérisa à la fois sa composition et sa création, le concerto n°2 resta toujours second. Avec une belle énergie mettant l'accent sur le caractère passionné des deux partitions, la pianiste Elisabeth Leonskaja déploie des phrasés amples aux nuances savamment dosées. Son jeu s'accorde parfaitement avec l'accompagnement du chef d'orchestre Ilan Volkov qui dirige le Camerata Salzbourg. Mais c'est surtout dans la sélection des Romances sans Paroles que se révèle l'art de la pianiste géorgienne. Durant ces neuf pièces, la poésie surgit au bout de ses doigts et insuffle à chaque romance son poids de rêverie nostalgique. Leonskaja se fait alors le guide idéal pour accéder à l'univers d'un compositeur souvent incompris. Dans une belle prise de son respectant le naturel des timbres en présence, ce Super Audio CD est une redécouverte essentielle.

Jean-Jacques Millo

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