Opus Haute Définition e-magazine

S. Prokofiev

L’Amour des 3 oranges

Alain Vernhes, Martial Defontaine, François Le Roux, Serghei Khomov, Sandrine Piau. Rotterdam Philharmonic Orchestra. Stéphane Denève (direction)

Opus Arte OA 0957 D, Codaex Distribution

2 DVD stéréo / DTS

La première de cet opéra eut lieu à Chicago en décembre 1921 sur un livret du compositeur, d’après un conte de Carlo Gozzi. Sergueï Prokofiev composa une musique inventive sur cette histoire de roi de Trèfle qui veut divertir son fils qui s’ennuie atrocement. Au point où celui-ci va devoir retrouver trois mystérieuses oranges qui grossissent à vue d’œil et qui contiennent trois jeunes filles mourant de soif ! Son ennui finira avec l’apparition d’une princesse dont il tombe inévitablement amoureux. Cette représentation en 2005 est typique d’un autre symptôme envahissant de plus en plus l’opéra de nos jours, le design. Les décors sont conçus par Chantal Thomas et on peut dire qu’ils sont très « désignés ». Tous les décors jouent avec les cartes à jouer (ce qui est logique finalement), cartes qui ne cessent de bouger tout au long de la représentation. L’on en retrouve aussi des motifs dans certains vêtements. C’est parfois un peu mécanique mais aussi très réussi comme dans la scène où le prince se retrouve dans la maison de la cuisinière. Les décors rouges ne sont pas sans rappeler ceux des peintres expressionnistes de l’époque avec leurs lignes brisées. On a mis en tous cas les moyens et il y a une certaine invention mais aussi une certaine froideur publicitaire. On aurait préféré retrouver un côté un peu carton pâte avec un tel conte. A cela, on peut dire que la représentation fonctionne bien car les interprètes dans l’ensemble jouent le jeu même si certains sont un peu décevants comme Martial Defontaine en Prince. Anna Shafajinskaja, par contre, compose une Fata Morgana assez fellinienne ! Le Rotterdam Philharmonic Orchestra dirigé par Stéphane Denève fait ressortir toute l’énergie de la partition de Prokofiev, ce qui fait que l’on passe un agréable moment. Un bon DVD juste un peu trop « désigné »…

Yannick Rolandeau

Disponible surCodaex
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