C’est en deux DVD que cette version des Noces de Figaro mise en scène par Jean-Pierre Ponnelle est diffusée. Il faut dire d’emblée que sur le registre vocal il est difficile de faire mieux ou d’avoir des voix en aussi bonne forme que celle de Dietrich Fischer-Dieskau en Comte Almaviva, Kiri Te Kanawa en Comtesse (incroyable interprétation du célèbre air Dove sono i bei momenti), Mirella Freni en Suzanne, Hermann Prey en Figaro et Maria Ewing en Chérubin… Á peu de choses, ils sont tous excellents. La direction d’orchestre de Karl Böhm est elle aussi fine et légère. Que demander de mieux ? Pas grand-chose… Enfin tout de même… L’originalité de cette production datant de 1976, il y a donc près de trente ans, est une mise en scène de Jean-Pierre Ponnelle qui a tout reconstitué en décor naturel (très beaux décors en passant). Ces Noces sont filmées comme si nous y étions, comme au cinéma. Ce n’est donc pas une représentation scénique. Et c’est là que les problèmes commencent… car si les éclairages sont un peu douteux (très diffusés), les cadrages et la mise en scène parfois ne se révèlent pas d’une grande subtilité et d’une grande maîtrise. Pour le dire un peu crûment, on aurait préféré une mise en scène avec un peu plus de classe que ces gros plans et ces champs-contrechamps dignes parfois d’une série télévisée. Vous me direz que ce n’est pas très grave tant la musique, l’interprétation et les chanteurs font un quasi sans faute. C’est vrai mais tout de même, trois heures d’un tel spectacle avec ces petites fautes de goûts, c’est un peu irritant… On aurait aimé succomber du début à la fin.

Yannick Rolandeau