Les quatre cantates que regroupe cet enregistrement font parties de la seconde période de Bach à Leipzig durant l’année 1724. L’opus BWV 62 « Viens maintenant, Sauveur des païens » comporte un cantique « qui est encore chanté de nos jours dans les églises protestantes ». La cantate BWV 139 « Bienheureux celui qui comme son Dieu » est établie sur un texte du poète Johann Christoph Rube, très en vogue à l’époque. La BWV 26 « Combien éphémère, combien vaine » est une œuvre que l’on peut encore entendre aujourd’hui. Elle est basée sur un texte du poète Michael Franck et décrit « le caractère éphémère de la vie humaine et de tous les biens terrestres ». La cantate BWV 116 « Toi Prince de paix, Seigneur Jésus-Christ » est, quant à elle, une évocation du Christ qui est alors nommé Prince de paix. Commencée il y a une dizaine d’années, l’enregistrement de l’intégrale des Cantates de Jean-Sébastien Bach par l’ensemble Bach Collegium Japan, que dirige du clavecin, Masaaki Suzuki est un monument qui se construit pas à pas, pierre après pierre, pour un résultat des plus enthousiasmant. Caractérisée par un discours à la fois profond et décanté, cette vision nous mène à l’essence même du processus de création du maître de Leipzig. Avec des chanteurs rompus à ce genre de répertoire, à l’humilité tangible et un orchestre aux coloris lumineux, Suzuki nous transporte dans un monde où la lumière n’est que partage. Incontestablement, la référence moderne de ces œuvres intemporelles. Côté prise de son, le label suédois nous livre ici, que ce soit en stéréo ou en multicanal, un enregistrement d’une profondeur exemplaire respectant l’équilibre des forces en présence.

Jean-Jacques Millo