Même si la notice ne mentionne pas le nom de William Shakespeare, I Capuleti e I Montecchi est bien tiré de la célèbre pièce du dramaturge anglais, dans un livret de Felice Romani qui remanie tout de même considérablement l’œuvre originale. Etrange adaptation déjà qui oblitère des pans importants pour la compréhension intime du sujet. Vincenzo Bellini le composa en 1830 et la première eut lieu le 26 décembre de la même année. On peut voir dans cette histoire deux optiques radicalement différentes soit dans le sens habituel (et erroné à mon avis) d’une histoire d’amour romantique où les deux amoureux sont éperdus d’amour l’un pour l’autre (option que prend hélas cet opéra), soit dans le sens de l’anthropologue René Girard où Roméo n’est pas réellement amoureux de Juliette mais s’entiche de celle qu’il ne faut pas aimer en rapport avec la rivalité des deux familles (interprétation plus pertinente), les Capulet et les Montaigu. Quoi qu’il en soit, la mise en scène de cette représentation qui eut lieu en août 2005 est singulière. Les hommes ont des armes à feu au lieu d’épées et quand l’un des personnages chante « Avec cette épée… », c’est un peu étrange comme anachronisme. Et d’ailleurs, ils ont tous des pistolets que les personnages n’arrêtent pas de sortir à tout bout de champ pour bien montrer que ça ne rigole pas. L’orchestre International d’Italie dirigé par Luciano Acocella paraît bien mou et cela s’entend dès l’ouverture. Les interprètes (Patricia Ciofi, Clara Polito, Danilo Formaggia, Federico Sacchi, Nicola Amodio) en font des tonnes, roulent des yeux, font des grimaces pour montrer qu’ils sont en colère. Autant dire qu’on n’y croit pas du tout tellement la mise en scène paraît statique et guère inventive. Si vous aimez Bellini, cette interprétation n’est pas à recommander.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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