En 1889, lorsque César Franck proposa au public du Conservatoire de Paris sa Symphonie en ré mineur, Budapest accueillait la création de la première symphonie de Gustav Mahler, Saint-Pétersbourg celle de Shéhérazade de Rimski Korsakov et Weimar le Don Juan de Richard Strauss. On le voit, l'année 1889 fut fructueuse en partitions aujourd'hui devenues légendaires. La Symphonie en ré mineur de Franck dont la dédicace est adressée à Henri Duparc, "constitue un testament en même temps qu'une ultime affirmation du principe de composition cyclique cher à l'auteur" comme nous le rappelle François-René Tranchefort dans son ouvrage sur la musique symphonique. De son côté, Ernest Chausson termina sa Symphonie en si bémol majeur en 1890 pour une création l'année suivante à Paris sous la direction du compositeur. Contrairement à l'oeuvre de son contemporain, sa partition trouva rapidement son public, et la véritable consécration vint après l'interprétation d'Arthur Nikisch qui dirigeait alors l'orchestre philharmonique de Berlin. A la tête du célèbre Orchestre de la Suisse Romande, Marek Janowski donne, de ces deux partitions, une vision inspirée, retrouvant le souffle unitaire de la symphonie de Franck et l'impressionnisme naissant de celle de Chausson. Un excellent Super Audio CD en pur DSD qui restitue, avec naturel et finesse, les couleurs, à la fois, chaudes et flamboyantes de ces deux oeuvres remarquables.

Jean-Jacques Millo

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