À l’occasion du demi-millénaire de la naissance de Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1594), le label Ars Produktion nous offre un hommage d’une rare profondeur avec « Palestrina 500 », un SACD qui conjugue rigueur musicologique et émotion pure. Porté par les voix cristallines des Augsburger Domsingknaben et l’ensemble I Fedeli sous la direction inspirée de Stefan Steinemann, cet enregistrement s’impose comme une référence contemporaine dans l’interprétation de la polyphonie sacrée. Le cœur du disque, la « Missa Fratres ego enim accepi », illustre l’art du contrepoint palestrinien dans toute sa majesté. Construite sur le motet éponyme, cette messe déploie une architecture sonore d’une clarté céleste, où chaque voix semble s’élever sans jamais troubler l’équilibre. L’alternance entre passages a cappella et accompagnements instrumentaux, inspirée des pratiques décrites par Bernardo Borlasca (vers 1580 - vers 1631), confère à l’ensemble une respiration quasi mystique. Les pièces de Manchicourt, Byrd, Lassus et Victoria, choisies avec discernement, ne sont pas de simples compléments : elles dialoguent avec Palestrina dans une fraternité stylistique qui transcende les frontières géographiques. L’enregistrement, stéréo et multicanal, restitue avec une précision remarquable les nuances dynamiques et les timbres des instruments anciens (cornets, sacqueboutes, orgue, violon, viole de Gambe, violone). Le placement des voix, dans l’espace acoustique, évoque la réverbération naturelle des chapelles italiennes, sans jamais sombrer dans l’artifice. Le chœur d’Augsbourg, d’une justesse exemplaire, évite toute affectation : ici, la pureté vocale est au service de la prière. Une porte d’entrée vers un monde sonore suspendu, où le silence devient matière.

Jean-Jacques Millo

To mark the 500th anniversary of the birth of Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1594), the Ars Produktion label offers us a tribute of rare depth with “Palestrina 500,” an SACD that combines musicological rigor with pure emotion. Carried by the crystal-clear voices of the Augsburger Domsingknaben and the I Fedeli ensemble under the inspired direction of Stefan Steinemann, this recording stands out as a contemporary benchmark in the interpretation of sacred polyphony. The heart of the disc, the “Missa Fratres ego enim accepi,” illustrates the art of Palestrina’s counterpoint in all its majesty. Built on the eponymous motet, this mass unfolds a sound architecture of celestial clarity, where each voice seems to rise without ever disturbing the balance. The alternation between a cappella passages and instrumental accompaniments, inspired by the practices described by Bernardo Borlasca (c. 1580 - c. 1631), gives the ensemble an almost mystical breath. The pieces by Manchicourt, Byrd, Lassus, and Victoria, chosen with discernment, are not mere complements: they dialogue with Palestrina in a stylistic fraternity that transcends geographical boundaries. The stereo and multichannel recording reproduces with remarkable precision the dynamic nuances and timbres of the early instruments (cornets, sackbuts, organ, violin, viola da gamba, violone). The placement of the voices in the acoustic space evokes the natural reverberation of Italian chapels, without ever sinking into artifice. The Augsburg choir, with its exemplary accuracy, avoids any affectation: here, vocal purity is at the service of prayer. A gateway to a suspended world of sound, where silence becomes matter.

Translation Lawrence Schulman