Pour le troisième volume de leur intégrale Mozart (1756-1791), le chef Maxim Emelyanychev et l’ensemble Il Pomo d’Oro poursuivent leur exploration du génie viennois avec deux symphonies charnières – la « Haffner » (K. 385) et la « Linz » (K. 425) – ainsi que le Concerto pour violon n°3 en sol majeur (K. 216), confié au violoniste Aylen Pritchin. Le chef aborde ces œuvres avec une vision résolument dramatique. La « Haffner », écrite en 1782 pour une cérémonie aristocratique, s’ouvre sur un Allegro con spirito incisif, presque fébrile, où les attaques ciselées et les contrastes dynamiques évoquent le Mozart homme de théâtre. L’Andante, plus retenu, conserve une tension sous-jacente, tandis que le Menuetto et le Presto final brillent par leur clarté rythmique et leur énergie communicative. La « Linz », composée en quatre jours lors d’un séjour improvisé, révèle une architecture plus ample. L’Adagio introductif, suivi d’un Allegro spiritoso, est traité avec une respiration large et une articulation souple. Le chef russe joue sur les couleurs orchestrales, mettant en valeur les vents dans l’Andante et le Trio du Menuetto. Le Presto final, mené tambour battant, clôt l’œuvre dans une jubilation maîtrisée. Aylen Pritchin, soliste du Concerto pour violon n°3, propose une interprétation élégante et chantante. Son jeu, s’inscrit dans une esthétique historiquement informée sans jamais sacrifier la ligne mélodique. L’enregistrement bénéficie d’une prise de son limpide et équilibrée, mettant en valeur la transparence des pupitres et la dynamique du jeu collectif. Il Pomo d’Oro, fidèle à sa réputation, offre une lecture vivante et nuancée, où chaque détail semble pensé et pesé. Il ne reste plus alors qu’à écouter…

Jean-Jacques Millo