Le label allemand Ars Produktion nous propose une nouvelle lecture des mythiques « Variations Goldberg » BWV 988 de Jean-Sébastien Bach (1685-1750), interprétées, cette fois, par Marcel Mok. Peu connu du grand public, le pianiste germano-taïwanais, né à Stuttgart en 1994 a reçu ses premières leçons de piano de Jongky Goei et a ensuite été accepté, dans le programme pour surdoué de l’école de musique de sa ville natale dès son plus jeune âge, dans la classe de Romuald Noll. En raison d’un séjour de trois ans en Italie, sa formation l’a également conduit à Milan pour étudier avec les pianistes italiens Bruno Canino et Roberto Plano, ainsi qu’au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, pour un séjour Erasmus, avec Hortense Cartier Bresson. Au cours de ses études, il s’est également intéressé à la musique ancienne et a appris à utiliser les instruments historiques à clavier dans la classe du professeur Mitzi Meyerson. Son jeu se distingue par une rigueur architecturale héritée de l’école allemande, alliée à une sensibilité française pour la couleur et le phrasé. Dès la célébrissime Aria initiale, le musicien impose un toucher délicat, presque méditatif, qui laisse deviner une approche profondément réfléchie de l’œuvre. Les variations qui suivent évitent les démonstrations de virtuosité pour dépeindre de véritables paysages émotionnels portés par une articulation limpide et une dynamique subtile. Le moins que l’on puisse dire est que, pour son premier enregistrement, Marcel Mok s’impose comme un artiste à suivre.
Jean-Jacques Millo |