Avec ses dix cors, ses huit trompettes, ses deux harpes, son orgue, ses cinq percussionnistes, ses deux chanteurs solistes et son chœur mixte, la deuxième symphonie de Gustav Mahler est une œuvre, à la fois, colossale et intime. Offrant avant tout une vision romantique de la mort, elle définit, en contrastes fulgurants, les interrogations éternelles de la vie après l'ultime soupir. Son final, où le chœur fait éclater sa délivrance, devient, sous les mots du compositeur lui-même, un chant profondément humain : "Ô crois, mon cœur. Tu ne perdras rien. Est à toi ce à quoi tu aspires. Est à toi ce que tu aimes, ce pour quoi tu t'es battu. Ô crois : Tu n'es pas né en vain. Tu n'as pas vécu, souffert en vain". Composée durant une longue période allant de 1888 à 1894, la partition fut créée à Berlin le 13 décembre 1895 sous la direction du compositeur. Après une sixième symphonie fort belle, le chef d'orchestre Ivan Fischer poursuit son intégrale avec une "Résurrection" de tout premier plan. Suivant les mêmes options de clarté d'ensemble, d'équilibre des pupitres et de mise en perspective de l'orchestration, il offre ainsi une des versions les plus abouties de l'oeuvre. Les couleurs, que délivre l'orchestre de Budapest, sont d'une beauté exemplaire, qu'une prise de son en pur DSD vient renforcer avec naturel et précision. Fischer laisse alors le discours musical s'épanouir en respirations idoines, marquées au sceau de l'évidence. Cette vision "moderne" semble soudainement porteuse d'une originalité que beaucoup d'autres enregistrements ne possèdent hélas pas. Un Super Audio CD stéréo et multicanal incontournable qui ravira aussi bien les mélomanes que les amateurs de prise de son de démonstration.
Jean-Jacques Millo |