Le « Concerto pour violon » en ré majeur, op. 61 de Ludwig van Beethoven (1770-1827), en trois mouvements, est ici abordé avec une révérence toute particulière. Sa lecture est limpide, aérienne, presque spirituelle, comme si chaque note cherchait à dialoguer avec l’infini. En miroir, le concerto de Georges Lentz (né en 1965), intitulé “…to beam in distant heavens…”, en six mouvements, est une œuvre écrite pour la violoniste elle-même. Inspiré par la poésie de William Blake et les préoccupations écologiques, il oscille entre « violence cosmique et visions célestes d’amour et d’espoir ». Arabella Steinbacher y incarne une soliste en quête de transcendance, parfois jouant hors scène, comme une voix venue d’ailleurs. Lentz pousse l’auditeur dans ses retranchements, avec des passages comme “An Elegy for our Grandchildren’s Planet”, qui résonne comme un cri d’alerte et de tendresse, à la fois, pour les générations futures. Dans une audacieuse alliance, la violoniste allemande nous offre un disque lumineux et contrasté, réunissant deux concertos pour violon que tout semble opposer. Accompagnée par l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg sous la direction de Gustavo Gimeno, elle livre une interprétation à la fois introspective et visionnaire.
Jean-Jacques Millo |