"La dernière année de sa vie, passé le cul-de-sac de la folie incarnée par le ménétrier du Voyage d’Hiver, Franz Schubert (1797-1828) devait atteindre à cette sérénité seconde qui est également celle du Mozart de 1791, à cette zone de paix surhumaine que plus rien ne saurait ébranler désormais, et où la joie résulte de la surmultiplication du désespoir, où le majeur est un mineur à la seconde puissance. De ces rivages élyséens, il n’est point de plus beau message que la grande Sonate N°22 en la majeur D.959, seconde des trois que Schubert composa en succession rapide en septembre 1828, moins de deux mois avant sa mort" (Harry Halbreich). L’ultime sonate pour piano (Sonate N°23 en si bémol majeur, D.960) fait également partie du programme de ce remarquable enregistrement, à la prise de son qui ne l’est pas moins, signée Ingo Petry. A l’instar de son précédent SACD (voir Opus HD N°217), Ronald Brautigam empoigne l’auditeur, pour ne plus le lâcher, jusqu’au terme d’un discours musical des plus aboutis. Sous ses doigts, Schubert est à nu.
Jean-Jacques Millo |