Cette représentation des Arènes de Vérone en 2001 donne tout de suite dans le registre grandiose pour ce quinzième opéra de Verdi, d’après la pièce de théâtre Le roi s’amuse de Victor Hugo. La première eut lieu à Venise en 1851. L’histoire est celle du libertinage du Duc de Mantoue reposant sur la complicité qui le lit à son bouffon, Rigoletto, un bossu. Jusqu’au jour où le duc aperçoit la fille de Rigoletto, Gilda, et en tombe amoureux. On devine aisément la suite qui finira tragiquement. Avec Rigoletto, on est justement dans le tragique. Il est impossible de truquer et le sujet impose comme Pagliacci que l’on soit transporté et ému, sinon on passe pour des rigolos, en quelque sorte. Bref, on tient là un opéra qui ne souffre pas d’être moyen, quelconque, pas trop imparfait dans son expression scénique. Or, c’est bien le problème ici auquel on se heurte. Il faut dire que les interprètes ne convainquent pas suffisamment. Aquiles Machado en Duc de Mantoue, et Leo Nucci en Rigoletto ne parviennent pas à s’imposer dans cette représentation comme des interprètes bouleversants. Pourtant, Leo Nucci fait tout ce qu’il peut et reste d’ailleurs bon dans l’ensemble. Inva Mula en Gilda, Mario Luperi en Sparafucile, Sarah M'Punga en Maddalena et enfin Milean Josipovich en Giovanna restent, me semble-t-il, assez moyens, voire inexpressifs. La direction orchestrale de Marcello Viotti, quant à elle, manque de souffle et la mise en scène de Charles Roubaud est assez imprécise. La captation vidéo est cependant correcte. Un DVD qui ne parvient pas à nous ravir avec un tel opéra.

Yannick Rolandeau

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