L’enlèvement au sérail est un opéra qui doit allier, certes, un exotisme assez banal et à la mode à l’époque mais aussi une légèreté de ton qui peu à peu devient de plus en plus grave à l’arrière-plan. Cet opéra n’est pas seulement de circonstance de la part de Mozart mais démontre bien les préoccupations concernant la réelle humilité à l’œuvre dans beaucoup de ses opéras qui va de pair avec une critique virulente de la vanité (La clémence de Titus, La flûte enchantée, Don Giovanni, Cosi fan tutte, Les noces de Figaro). Dans L’enlèvement au sérail, cela culmine dans la scène où Selim renonce à se venger du père de Belmonte sous peine de faire exactement comme lui, c’est-à-dire d’être un double. Bref, voici une représentation somme toute assez étonnante enregistrée au Teatro della Pergola à Florence en 2002. Tout d’abord, j’ai été franchement surpris par la direction d’orchestre très enlevée, brillante et fine de Zubin Mehta. On ne l’a pas toujours connu à ce niveau mais là il se transcende. La mise en scène de Eike Gramss sans être exceptionnelle se tient bien. C’est en fait, la distribution qui est, hélas, trois fois hélas, inégale. Si Markus John est un Selim très honorable, Eva Mei incarne une Constance assez décevante. C’est par contre Patrizia Ciofi qui est exceptionnelle en Blonde. Fraîche, vive, pétillante, elle surclasse pour ainsi dire tout le monde. Rainer Trost en Belmonte, Mehrzad Montazeri en Pedrillo, et Kurt Rydl en Osmin me paraissent assez pâles pour l’occasion. C’est fort dommage car la direction d’orchestre de Zubin Mehta est enthousiasmante. A découvrir tout de même.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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