Un ballet politique, cela vous dit ? La formule n’est pas nouvelle mais voilà un mélange de danse et de politique. Politique de gauche, cela va de soi. L’auriez-vous imaginée de droite ? Christopher Bruce a décidé de s’engager politiquement contre l’oppression et en faveur de la liberté d’opinion. Il fut cité par Amnesty International, ce qui est déjà suspect. Qui peut aller contre une telle chose ? Sans doute personne sauf que ce n’est pas en mélangeant art et politique que l’on fait avancer les choses mais en réduisant l’art à de la propagande. Le DVD présente trois œuvres, Silence is the end of our song (1983), Rooster (1991), et Swangsong (1983). La première, avec des images d’archives, évoque le coup d’état du président Pinochet contre Allende. Le poncif de l’intelligentsia de gauche. Accompagnée de chants de Victor Jara, on a droit aussi à des poèmes dont un dédié à Che Guevara ! Outre cette propagande fatigante et fatiguée, il est symptomatique que l’on rabâche toujours les mêmes choses en oubliant de dire que le président Allende ruina son pays en moins d’un an, provoqua une flambée inflationniste appauvrissant tout le monde. Ce qui ne légitime pas une dictature évidemment. Mais enfin, c’est aussi kitsch que le pauvre peuple opprimé par de méchants dictateurs ! La seconde sur des morceaux des Rolling Stones, histoire de faire avec son temps, présente on ne sait trop quoi mais dont je vous laisse l’interprétation. La dernière montre un interrogatoire qui dégénère en séance de torture. Original, non ? Le tout sur une musique indigeste de Philip Chambon (un peu du sous-sous Mike Oldfield ou du Mike Oldfield actuel). Différents corps de ballet, fort bons au demeurant, interprètent les œuvres mais l’ensemble sent fort la propagande obligée et l’humanisme obligatoire. Le collage reste très ennuyeux d’autant que la chorégraphie est appuyée et illustrative. Christopher Bruce a cru qu’il suffisait de faire engagé pour se croire créatif. Nonobstant, cela ne fait pas en tout cas des œuvres intéressantes à regarder mais sert à vous faire choisir un camp plutôt qu’un autre comme s’il n’y en avait qu’un seul de bon. Comme le disait le regretté Philippe Muray, les intellectuels ou les créateurs devraient être étonnés des choses qu’ils observent plutôt qu’engagés à nous faire adhérer à des idéologies.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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