Pour son premier enregistrement, le jeune Quatuor Agate, formé en 2016, se penche sur les trois Quatuors à cordes de Johannes Brahms (1833-1897). "La première raison la plus évidente et que l’on peut avancer pour bien des compositeurs du siècle et en tout cas pour tous ceux qui ont décidé d’aborder le quatuor, c’est la présence de Beethoven ressentie comme particulièrement écrasante pour les musiciens qui comme Brahms, continueront à s’exprimer sur le terrain beethovénien de la forme sonate. Brahms l’exprime d’ailleurs plus nettement que quiconque : "Vous ne savez pas, explique t-il au chef d’orchestre Hermann Levi, au début des années 1870, ce que cela signifie pour des gens comme nous que d’entendre ses pas de géant derrière nous"", raconte Bernard Fournier, avant d’ajouter que : "Les deux défis majeurs que pose l’héritage Beethovénien, le quatuor et la symphonie, ne seront en fait relevés par Brahms que passé la quarantaine, à un moment où le compositeur atteindra la pleine maturité de son génie". Le Quatuor Agate se distingue depuis plusieurs années dans des concours et festivals internationaux (Prix de la meilleure interprétation contemporaine lors de la BANFF International String Quartet Competition 2022, Prix du Public à la Steels-Wilsing Competition 2020, Verbier Festival 2019) et remporte en 2021 les prestigieuses auditions de la Young Classical Artists Trust (YCAT) à Londres. Avec cette nouvelle parution discographique, c’est une vision des plus inspirées du corpus brahmsien qui nous est offerte où, notamment, la ferveur d’exécution et l’engagement des musiciens sont un atout majeur. Un double album à partager sans modération aucune, donnant au compositeur allemand sa place dans la modernité.
Jean-Jacques Millo |