Véritable symphonie déguisée, le second concerto pour piano op. 83 de Johannes Brahms est une œuvre imposante, bien loin de ce "petit concerto avec un joli petit scherzo", comme le qualifiait le compositeur lui-même. "C'est une de ses œuvres les plus amplement construites et développées. Par ses proportions, par l'éclat de son écriture pianistique et symphonique, par la hauteur et la puissance de son inspiration, c'est un des plus grands et des plus beaux concertos du répertoire". Ainsi en témoignait Claude Rostand dans son remarquable ouvrage sur l'auteur du Requiem Allemand. Les quatre pièces op. 119 pour piano nous plongent dans les années 1891-1893, alors que Brahms est quasiment au terme de sa vie. Quatre ans plus tard, il ne sera plus de ce monde. Une profonde mélancolie se dégage des trois premières pièces, alors que la dernière retrouve le ton enjoué d'une jeunesse désormais lointaine. Le pianiste canadien, Marc-André Hamelin, donne du second concerto une vision exaltée, vivante et aérienne. Avec des phrasés relativement courts, manquant parfois de souplesse, usant mais n'abusant pas d'un Rubato bien en situation, il refuse toute sentimentalité au profit d'un discours extrêmement mouvant. Aidé par un orchestre symphonique de Dallas inspiré par la direction d'Andrew Litton, Marc-André Hamelin nous offre ici une lecture captivante d'un chef-d'oeuvre maintes fois visité. Dans une belle prise de son chaleureuse et équilibrée, aux basses profondes, ce Super Audio CD mérite une attention toute particulière.
Jean-Jacques Millo |