Avec un visage ressemblant à l'acteur américain Spencer Tracy, le compositeur Heinrich Kaminski n'est guère connu dans nos contrées. Né en 1886, il étudie l'économie à l'université de Heildelberg avant de se pencher sur la musique, en 1909 au conservatoire de Berlin. Ses premières partitions, avec notamment, les Psaumes 130 et 69 ainsi qu'un Quatuor à cordes datent des années 1912-1914. Quelques années plus tard, Kaminski deviendra le professeur de Carl Orff et obtiendra ses premiers succès de compositeur avec des oeuvres comme "Introitus und hymnus", un Concerto Grosso, un Magnificat et des Motets. Mais lorsque la guère arriva, Kaminski devint résistant au sein du groupe "White Rose". Délaissant ainsi la musique au profit d'un combat quotidien contre le régime Nazi, il mourut le 6 juin 1946. Aujourd'hui, le label Oehms rend justice à ce compositeur attachant en publiant l'enregistrement de sa musique sacrée a cappella. Ainsi, nous retrouvons le Psaume 130, mais également sa Messe Allemande datant de 1934, le Triptychon pour Mezzo-soprano et orgue mais également des Motets. Dune rigueur d'écriture se réclamant de la grande tradition germanique, la musique de Kaminski demeure d'une intériorité profonde, sans emphase, offrant avant tout une lumière unique où la grâce est omniprésente. Magnifiquement défendues par l'Orpheus Chor München, conduit par Gerd Guglhör, ces partitions viennent nous rappeler que l'ombre recèle parfois des espaces de clarté essentiels.

Jean-Jacques Millo

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