Opus Haute Définition e-magazine

J-Ph. Rameau

In Convertendo

Nicolas Rivenq, Sophie Daneman, Jeffrey Thompson, Olga Pitarch. Les Arts Florissants. William Christie (direction)

Opus Arte OA 0956 D, Codaex Distribution

DVD stéréo / DTS

Voici un DVD d'une heure trente minutes qui présente plusieurs oeuvres dont le motet In Convertendo, trois pièces de chambres au clavecin (La Timide, La Pouplinière, La Rameau) et un documentaire de cinquante-cinq minutes consacré au compositeur Rameau lui-même. Étrangement, la partie musicale est égale à la partie documentaire comme si les producteurs manquaient d'oeuvres enregistrées si j'ose dire. C'est assez court pour tout dire. Le problème est que, si l'interprétation du motet est de bonne tenue et les trois pièces de chambres un peu « emperruquées » tellement est respecté le côté « instruments d'époque », le documentaire est en revanche assez décevant. Même si Jean-Philippe Rameau est encore un musicien méconnu en France, et certes on doit à William Christie (un américain natif de Buffalo (Etat de New York), installé en France depuis 1971) de le connaître mieux, il ne suffit pas cependant d'en faire l'éloge pour comprendre son importance et son esthétique particulière. Car Rameau est aussi un théoricien, auteur d'un Traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels, Paris (1722), et qu'il est surtout l'un des plus importants musiciens français du XVIIIe siècle notamment par son invention harmonique d'une grande richesse (on se souviendra que Debussy lui a rendu hommage dans une pièce pour piano). On aurait aimé plus de développement sur l'harmonie que Rameau défendait. On se souvient qu'il est aussi l'un des acteurs principaux de la " Guerre des Bouffons" qui l'opposa à Jean-Jacques Rousseau dans la confrontation de la "tragédie lyrique" selon la tradition française de Jean-Baptiste Lully et de l'opéra-bouffe importé d'Italie à cette époque. Rousseau lui garda une rancune tenace car Rameau n'apprécia pas beaucoup, paraît-il, les compositions musicales du philosophe, piètre musicien (et guère mieux philosophe à mon goût) malgré ses prétentions. On apprend tout de même que Jean-Philippe Rameau devint le protégé du fermier général Alexandre Le Riche de la Pouplinière. À partir de 1744, Rameau et son épouse ont un appartement dans le palais du fermier général rue de Richelieu. Rameau y habite pendant douze ans et dirige l’orchestre privé de son mécène. Un DVD donc assez contrasté entre bonne interprétation et documentaire insatisfaisant.

Yannick Rolandeau

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