Opus Haute Définition e-magazine

M. Moussorgski

Boris Goudounov

Matti Salminen, Brian Asawa, Marie Arnet, Philip Langridge. Orchestre symphonique et choeur del Gran teatre del Liceu. Sébastien Weigle (direction)

TDK DVWW-OPBORIS, Intégral Distribution

DVD stéréo / DTS

J'ai rarement été aussi divisé sur un tel opéra entre une excellente distribution et une mise en scène absolument hideuse que l'on doit à Willy Decker (il mérite un jet de petits suisses comme dans Préparez vos mouchoirs, le film de Bertrand Blier). Matti Salminen compose un Boris Goudounov exemplaire (il faut dire que le rôle lui va comme un gant !) et Philip Langridge incarne un Chouïsky magistral. Le dilemme est grand car avec la grande chaise couleur du prologue sur laquelle on monte et on descend (bonjour les assurances si l'un des acteurs dégringole de cette chose !), les costumes modernistes (ici Boris Goudounov est en costard cravate), les décors (que l'on doit à John MacFarlane) dont on se demande s'ils sont encore des décors (portes coulissantes etc.) et comment ils arrivent à composer un lieu, on a envie d'arrêter tout de suite le DVD. La notice nous dit que cette grande chaise figure le trône royal, symbole du pouvoir ! Faut-il être metteur en scène pour inventer pareil cliché ? Et le plus grotesque est que la chaise est couleur or car l'or est le symbole de la cupidité certainement ? Heureusement que les interprètes sont là et nous rappellent que Boris Goudounov est à l'opéra ce que Macbeth est au théâtre sur le même sujet. La représentation ici reprend la version de Moussorgski écrite en 1868-1869, non expurgée donc, c'est-à-dire que ce n'est pas la version réorchestrée par Rimsky-Korsakov. Le livret retrace l'époque (1598-1605) de l'histoire russe au moment où le tsar Boris Goudounov est au sommet de sa gloire mais où aussi une histoire de meurtre vient le hanter. Il s'agit de l'assassinat de Dimitri, fils du dernier mariage d'Ivan le Terrible que Boris aurait fait décapiter à l'âge de neuf ans. Vaste sujet donc que celui du pouvoir... Et dilemme tout aussi vertigineux (!) que celui d'osciller pendant près de trois heures entre la laideur des décors et de la mise en scène et la beauté vocale des interprètes !

Yannick Rolandeau

Disponible surIntegralmusic.fr
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