Il y a peu de temps (voir numéro 9 d'Opus Haute Définition), nous avions droit à une très belle Messe en si de Bach par Karl Richter chez Deustche Grammophon. C'est là que l'on mesure deux interprétations, certes très différentes, par l'implication qu'elles suscitent chez l'auditeur. En redécouvrant celle de Richter, on est frappé par la grande ferveur qui l'anime et par ses interprètes absolument sublimes (Gundula Janowitz, Hertha Töpper, Hermann Prey). En écoutant celle-ci, on se surprend, quelque fois, à s'ennuyer malgré la bonne exécution de l'ensemble. Mais voilà, il manque quelque chose... Pourtant, Georg Christoph Biller à la tête du Gewandhausorchester Leipzig mène plutôt bien son affaire. Les chanteurs et chanteuses Ruth Holton, Matthias Rexroth, Christoph Genz et Klaus Mertens s'en sortent plutôt bien sans pouvoir rivaliser évidemment avec leurs prédécesseurs, mais même sans cela, l'interprétation a du mal à décoller véritablement. Il y manque la ferveur, la passion, l'élan, que sais-je encore ? et l’on dira ce que l'on voudra de Karl Richter, sa direction d'orchestre soulève des montagnes. Ici, on reste en retrait tant tout semble trop sage ou trop appliqué et on attend, un peu désespérément, qu'un souffle vienne nous réveiller.

Yannick Rolandeau

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