Hans Knappertsbusch était un chef d'orchestre très particulier, plutôt austère. Il dirigeait avec un nombre limité de gestes (ce n'était donc pas un chef exubérant comme Bernstein), détestait l'exhibition sur le podium et avait parfois effectivement une vision des oeuvres particulière qu'il défendait bec et ongles. Il connaîssait fort bien l'orchestre philharmonique de Vienne puisqu'il le dirigea pour la première fois en 1929 au Festival de Salzbourg et qu'ils donnèrent ensemble 210 concerts pendant leurs trente-cinq années de collaboration. Une somme. Hans Knappertsbusch mourut en 1965 à Munich. L'ouverture Léonore III opus 72a de Ludwig Van Beethoven, qui ouvre ce DVD, est d'une longueur exaspérante. Vingt minutes quasiment. Je sais ce que vous allez me dire, que c'est selon le goût, c'est la vision du chef d'orchestre etc. Eh bien non, surtout quand cela déstructure toute l'oeuvre au point où celle-ci perd tout intérêt. Heureusement, nous avons droit, dans ce concert, à une heure trente d'autres oeuvres comme le quatrième concerto pour piano avec le célèbre pianiste Wilhelm Backhaus et à des extraits de Tristan et Isolde de Richard Wagner (Prélude de l'acte I et Mort d'Isolde) avec la cantatrice Birgit Nilsson. Hans Knappertsbusch se rattrape donc in extremis, si j'ose dire. Et l'orchestre de Vienne est tout à fait remarquable, dirigé par une poigne de fer. Même âgé, Wilhelm Backhaus donne à la partition de Beethoven une grande vivacité et la cantatrice est tout à fait remarquable. La prise de son est assez dure dans l'ensemble mais tout de même correcte pour l'époque.

Yannick Rolandeau

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