Le chef d’orchestre hongrois, Ivan Fischer, propose sa vision de la célèbre neuvième symphonie d’Anton Bruckner, dans une démarche bien précise : "Bruckner avait soixante-dix ans et deux mois quand il acheva enfin le troisième mouvement lent, de sa Symphonie N°9. Ayant un grand respect pour cette œuvre, je voulais, même après l’avoir souvent dirigée, attendre d’avoir moi-même atteint mon soixante-dixième anniversaire pour la graver. Voici donc cet enregistrement que je dédie "à mon bien-aimé Bruckner". Il y a des chefs-d’œuvre inachevés et des statues célèbres auxquelles il manque des parties. Qui voudrait rendre ses bras à la Vénus de Milo ? D’excellents musicologues et compositeurs ont tenté d’achever la Neuvième Symphonie de Bruckner, et je salue leur travail. Mais après cette note de cor tenue interminablement à la fin du troisième mouvement, j’ai le sentiment que c’était son dernier souffle et qu’il ne faut plus rien dire" (Ivan Fischer). Ainsi, le Budapest Festival Orchestra et son chef attitré, offrent une version "décantée" de ce monument symphonique, laissant de côté la dimension "sacrée" de l’œuvre dédiée à Dieu.

Jean-Jacques Millo