L’idée de cet enregistrement, mettant en scène Mozart et Grétry dans une hypothétique influence du compositeur liégeois sur l’autrichien, est quelque peu hasardeuse. En effet, le grand spécialiste du maître de Salzbourg, H.C. Robbins Landon, écrivait jadis dans son dictionnaire Mozart : "Jusqu’à quel point les premières œuvres de Mozart sont-elles, comme on le dit souvent, le reflet des différents styles musicaux qu’il découvrit dans sa ville natale Salzbourg et à la faveur de ses nombreux voyages ? La réponse à cette question ne peut être qu’assez vague, car on connaît mal la musique des contemporains plus obscurs que Mozart, outre que les musicologues ne sont pas d’accord sur la nature même de l’influence musicale". Il n’en demeure pas moins que le programme de cette nouveauté discographique propose la Symphonie N°25 en sol mineur K.183 en quatre mouvements, datant de le fin de l’année 1773 et "Parcourue par un souffle tragique étonnant chez un musicien qui n’a pas encore atteint dix-huit ans", souligne Michel Parouty. Puis, "Céphale et Procris, ou l’Amour conjugal" suite en huit mouvements de André Grétry, également de l’année 1773. Et pour finir, une autre suite, signée Mozart de 1773-1780, "Thamos, König in Agypten K.345/336a. Martin Wählberg et l’Orkester Nord embrassent littéralement ces pages, avec une énergie indéniable, dont la radicalité interprétative ne plaira pas à toutes les oreilles. Avis aux amateurs...

Jean-Jacques Millo