"Les Sonates et Partitas pour violon seul ne sont pas les premiers exemples d’un genre musical où le violon est utilisé seul et sans soutien : avant Bach, des musiciens allemands - pour ne citer que Henrich von Biber (1644-1704), Johann Paul von Westhopff (1656-1705), Johann Jacob Walther (v.1650-1717) ou Thomas Baltzar (1630-1663) - avaient déjà traité le violon en instrument polyphonique. Mais Bach a osé plus en ouvrant à celui-ci des possibilités alors insoupçonnées. Il a transformé cet instrument monodique qui s’épanchait généralement sur l’assise harmonique d’un clavecin ou d’un orchestre à cordes, en un instrument véritablement polyphonique d’une puissance et d’une force dramatique exceptionnelles. Au XXème siècle, des compositeurs comme Hindemith, Bartók ou Ernest Bloch hériteront de sa rigueur et de son imagination", nous dit la musicologue Adélaïde de Place. Pour ce premier volume, le violoniste Frank Peter Zimmermann se penche sur la Sonate N°2 en la mineur (BWV 1003), la Partita N°2 en ré mineur (BWV 1004) et la Partita N°3 en mi majeur (BWV 1006). Avec sa rigueur de jeu coutumière, le violoniste allemand ne trouve que rarement le chemin de l’émotion menant à une interprétation plus marquée.
Jean-Jacques Millo |