Pour Jean Sibelius, le violon ne fut pas qu'un instrument de prédilection. Il fut également synonyme d'évasion, de confident, de réflexions voire de mystère. Avec des œuvres pour violon et orchestre, cet enregistrement nous invite à découvrir un univers parfois sombre, souvent onirique, mais toujours interrogatif au cœur d'un dialogue incessant entre les voix en présence. Les "Six Humoresques" datant de 1917 virent le jour durant des jours difficiles. La première guerre mondiale, l'argent qui manquait cruellement, l'alcool pour oublier tout cela et le reste. La composition de ces pièces furent un réel soulagement pour le compositeur qui disait à leur propos : "Il y a du mal de vivre et des rayons de soleil". Les "Deux Sérénades" de 1912, 1913 furent créées pour le cinquantième anniversaire de l'auteur de Finlandia, deux ans plus tard, en 1915. La "Suite Op. 117" de 1929 est l'ultime partition avec orchestre de Sibelius. A noter, que ce dernier refusa à son éditeur, la publication de l'oeuvre. Le programme de ce fort beau Super Audio CD s'achève avec la musique de scène "Swanwhite" pour la pièce d'August Strindberg". Grand admirateur du dramaturge, Sibelius composa sa partition en 1908. Dirigeant le Tapiola Sinfonietta, le jeune violoniste Pekka Kuusisto fait preuve d'une finesse de jeu indéniable, trouvant les phrasés justes au rubato maîtrisé. Cependant, l'orchestre semble souvent en retrait et ne trouve que rarement un élan salvateur qui le ferait briller de couleurs plus vives. Néanmoins, ce disque est une magnifique surprise et malgré cette petite réserve, les œuvres rares qu'il propose ne peuvent qu'attirer notre attention.

Jean-Jacques Millo