Cette représentation, de l'avant dernier opéra de Mozart (et non le dernier comme on le croit d'habitude), donnée en août 2003 au festival de Salzbourg commence très mal. Avant même que l'ouverture ne débute, on voit un homme, de dos, dans des vêtements clinquants et design (une chemise et une espèce de robe (!)) composer un numéro de téléphone ! Comme on ne décroche pas, il regarde dans le vide et s'en va. L'ouverture débute enfin et ensuite, ça se poursuit très mal encore. Vitellia interprétée par Dorothea Röschmann est dans une sorte de guépière ce qui permet de nous faire admirer son opulente poitrine. Tout est comme cela, surfait, clinquant, « modernisant » en diable, au point que les chanteurs et les chanteuses sont affublés de vêtements dignes d' un défilé de mode. Ce n'est pas le fait qu'ils chantent mal qui pose problème ici mais le fait que notre vision est sans arrêt perturbée par de tels éléments incongrus. On se croirait en même temps dans un polar années 30 avec un arrière-plan contemporain sans compter les décors gigantesques et délirants sur plusieurs niveaux. Pour ainsi dire, Mozart et toute l'intrigue disparaissent derrière les lubies de la mise en scène d'autant qu'il y a des explosions et des pétarades ! Passons. Vesselina Kasarova en Sextus, Michael Schade en Titus, Barbara Bonney en Servilia, notamment, sont néanmoins remarquables. Nikolaus Harnoncourt, le hibou halluciné, est à la tête du Wiener Philharmoniker et se fait moins sec que d'habitude. Non, on a plus envie de s'en prendre au pédantisme du metteur en scène Martin Kusej et du décorateur Jens Kilian de nous infliger pareil spectacle même si on en a hélas l'habitude de nos jours. À tout prendre choisissez la version de Ponnelle.

Yannick Rolandeau

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