Après Cosi Fan tutte et Don Giovanni, Peter Sellars remettait cela avec Les Noces de Figaro. Ce qui pouvait passer pour original avec une certaine vision dans Cosi Fan tutte devient après Don Giovanni et ici Les Noces un banal concept : mettre systématiquement Mozart à la sauce dite moderne et décalée. Le procédé devient répétition et mécanisme usé. Histoire d'attirer l'oeil et faire parler de soi. Pourtant, ces Noces sont les plus intéressantes de la série, c'est-à-dire se passant dans les quartiers huppés de New York ce qui amoindrit la distance d'avec l'oeuvre originale. Certes, appeler conte et comtesse un homme et une femme d'une classe populaire aurait fait étrange. Sellars ne pouvait pas faire ici ce qu'il a fait avec Don Giovanni. Cependant, les chanteurs semblent plus à l'aise, même si, souvent, la mise en scène manque de classe et de distinction. Côté voix, James Maddelena est plus crédible en comte Almaviva et Sanford Sylvan est plus à l'aise que dans son rôle dans Cosi fan tutte... En revanche, Susan Larson est assez médiocre en Cherubin et Jeanne Ommerlé incarne une Susanna assez terne. Une nouvelle fois, la direction de Craig Smith pêche par une certaine raideur et on a bien du mal à se laisser emporter par sa direction orchestrale. Bref, si certains veulent se laisser tenter, il vaut mieux commencer par celui-ci.

Yannick Rolandeau