Pierre Monteux, célèbre chef d’orchestre qui dirigea le San Francisco Symphony orchestra (1936-1952) et créa sa propre école de chef d’orchestre, est ici à la tête du Boston Symphony Orchestra (qu’il dirigea aussi de 1919 à 1924). Il offre ici une large palette de son talent et nous avons au programme, l’ouverture tragique de Johannes Brahms, Nobilissima visione de Paul Hindemith et Petrouchka de Stravinsky, concert enregistré le 20 janvier 1959 du Sanders Theatre de l’université d’Harvard. C’est l’œuvre de Paul Hindemith (compositeur mal estimé et peu à l’honneur à mon goût) qui retient notre attention, tout d’abord parce qu’on l’entend tout de même rarement, et ensuite parce qu’elle est d’une grande élégance et d’une grande clarté, élégance et clarté que Pierre Monteux retraduit à merveille. C’est là, entre autres, les qualités de ce chef qui, comme son compatriote Charles Munch (qui dirigea lui aussi le Boston Symphony orchestra), savait insuffler une vie nouvelle aux œuvres qu’il dirigeait. J’ai du mal à trouver pareil souffle dans les interprétations d’aujourd’hui ou avec les nouveaux chefs d’orchestre. L’œuvre de Brahms et celle de Stravinsky, là aussi, sont dirigées de main de maître et notamment avec une poigne et une énergie phénoménales, traduisant une urgence du même coup proprement émouvante. Voilà donc après le DVD sur Charles Munch, celui sur Pierre Monteux qui mérite presque autant d’éloges, même si la captation en noir et blanc est de moins bonne qualité.

Yannick Rolandeau