Comme le soulignait avec pertinence Pierre-Emile Barbier : "L’œuvre de chambre de Dimitri Chostakovitch (1906-1975), longtemps négligée au regard de ses symphonies d’"actualité", s’avère comme l’essentiel de son héritage spirituel. Elle exige un réalisme sonore ainsi qu’une puissance spirituelle peu courante en pays latins, ce qui limite encore sa pénétration occidentale. Son authenticité, tant humaine qu’ethnique, lui permet cependant de faire partie du répertoire des grands ensembles internationaux". L’enregistrement présent propose le Quatuor à cordes N° 3 en fa majeur Op.73 et le célèbre Quatuor à cordes N°8 en ut mineur Op.110, à propos duquel le compositeur russe déclarait : "On le qualifia d’office de "dénonciation du fascisme". Pour dire cela, il fallait être sourd. Car, dans ce quatuor, tout est clair comme dans un abécédaire. J’y cite Lady Macbeth, la 1ère symphonie, la 5ème. Qu’est-ce que le fascisme a à voir avec cela ?... J’y fait entendre un chant russe à la mémoire des victimes de la Révolution...". Avec un engagement musical tangible, le Quatuor Novus trouve un équilibre idoine pour développer une vision véritablement incarnée, d’un bout à l’autre de ces deux partitions. Un CD passionnant.
Jean-Jacques Millo |