Deux concertos pour violon et orchestre sont au programme de ce SACD de belle facture. L’unique concerto de Ludwig van Beethoven, en ré majeur Op.61, joué ici avec la cadence d’Alfred Schnittke, date de l’année 1806 où le maître de Bonn se fiança, sans tambour ni trompette, avec Thérèse de Brunswick. "C’est cet événement privé qui semble avoir eu effet sur l’inspiration du musicien, et l’on a pu prétendre que le Concerto pour violon respirait le bonheur tel un véritable poème amoureux", souligne François-René Tranchefort. Le Concerto N°3 pour violon et orchestre de chambre (vents par 13 et quatuor à cordes) du compositeur russe, datant de 1978, se décline en trois mouvements. Schnittke déclarait, "Dans un concerto je m’intéresse en fait au soliste et à l’orchestre, à leur interaction et à leur relation mutuelle durant la pièce. Cette relation ne me semble jamais être harmoniquement juste et équilibrée. Elle est plutôt riche en contrastes et en polémiques. Le soliste et l’orchestre sont en fait des adversaires". C’est avec une remarquable maitrise du discours musical que le violoniste Vadim Gluzman aborde ces deux partitions. Soutenu pleinement par James Gaffigan, dirigeant le Luzerner Sinfonieorchester, le musicien marque de son empreinte un enregistrement à découvrir au plus vite.

Jean-Jacques Millo