Le Château de Barbe-Bleue, de Béla Bartók, est un opéra en un acte, sur un poème de Béla Balazs, composé en 1911 et créé en 1918. "Barbe-Bleue n’est pas ici le monstrueux Gilles de Rais des Contes de ma Mère L’Oye, mais un idéaliste triste et renfermé qui amène en son château obscur sa nouvelle fiancée, Judith. Cette dernière l’oblige à ouvrir les sept portes secrètes, et lorsque la dernière est ouverte, elle ira rejoindre pour toujours les trois épouses l’ayant précédée, laissant l’Homme à son éternelle solitude". Le cycle Bartók, entamé par Susanna Mälkki, se poursuit avec cette subjugante interprétation du chef d’œuvre du compositeur hongrois. Une profonde rigueur règne sur l’équilibre des pupitres qui s’intègre parfaitement à celui des voix et de l’orchestre. D’une tonalité sombre, sans être étouffant, le discours musical demeure implacable dans sa progression dramatique. Jusqu’à la dernière note la tension empoigne l’auditeur pour ne plus le lâcher. La Basse Mika Kares (Barbe-Bleue) et la mezzo-soprano Szilvia Vörös (Judith) incarnent un couple des plus inspirés pour une heure de lyrisme bouleversant.
Jean-Jacques Millo Bluebeard’s Castle, by Béla Bartók, is an opera in one act, based on a poem by Béla Balazs, composed in 1911 and premiered in 1918. “Bluebeard here is not the monstrous Gilles de Rais from the Contes de ma Mère L’Oye, but a sad and withdrawn idealist who brings to his obscure castle his new fiancée, Judith, who obliges him to open the seven secret doors, and when the last one is open, forever rejoins the three preceding spouses, leaving the man to his eternal solitude.” The Bartók cycle, initiated by Susanna Mälkki, continues with this captivating interpretation of the Hungarian composer’s masterpiece. A profound rigor reigns on the balance between instrumentalists, who perfectly blend with the voices and orchestra. Of somber tone, without being suffocating, the musical discourse remains unyielding in its dramatic progression. Up until the last note the tension grabs hold of the listener and never lets go. The bass, Mika Kares (Bluebeard) and the mezzo-soprano Szilvia Vörös (Judith) embody a most inspired couple for an hour of devastating lyricism.
Translation Lawrence Schulman |