Ce double album CD est, à la fois, une curiosité et un ravissement. Une curiosité tout d’abord, avec la Symphonie N°1 en ut mineur Op.68 de Johannes Brahms, créée en 1876, rendu à son plus "simple appareil" orchestral et dont le mot décantation ne reflète qu’une facette de ce parti pris qui, par ailleurs, ne manque pas de séduction. Puis un ravissement, véritable, inattendu, avec le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur Op.77 sous les doigts inspirés de la violoniste Stéphanie-Marie Degand. Jusqu’au bout des notes ses phrasés font merveille, et l’osmose est parfaite entre orchestre et soliste. A la fois directeur artistique et chef d’orchestre, Jérémie Rohrer dirige avec passion et rigueur Le Cercle Harmonique fondé par lui-même en 2005. C’est un orchestre jouant sur instruments d’époque qui "explore les filiations naturelles entre les répertoires dits classique et romantique. Couvrant un siècle de musique, l’orchestre mène un véritable travail de recréation, qui place le compositeur et son écriture au centre du projet pour donner à entendre la musique dans son geste compositionnel originel". Belle ambition concrétisée ici avec ces deux partitions brahmsiennes à l’interprétation renouvelée, vers laquelle nous reviendrons souvent.

Jean-Jacques Millo