La Sonate pour violon et piano en mi bémol majeur Op.18 de Richard Strauss fut créée en 1888 à Munich. "Œuvre de "musique absolue", et ressortissant pour la dernière fois au genre de la musique de chambre en son sens classique, cette Sonate est également un adieu aux années d’apprentissage, souligne François-René Tranchefort. Strauss avait déjà achevé sa première partition symphonique de réelle importance, Aus Italien, et travaillait à la première version de son poème symphonique Macbeth". Egalement présente sur cet enregistrement, la célèbre sonate pour violon et piano de César Franck, composée en 1886 qui renvoie, irrésistiblement, à l’évocation de Marcel Proust dans son ouvrage" Du côté de chez Swann". "Cette fois, Swann, avait distingué nettement une phrase s’élevant pendant quelques instants au-dessus des ondes sonores. Elle lui avait proposé aussitôt des voluptés particulières dont il n’avait jamais eu l’idée avant de l’entendre, dont il sentait que rien d’autre qu’elle ne pourrait les lui faire connaître, et il avait éprouvé pour elle comme un amour inconnu..." Le jeune violoniste Brieuc Vourch, dont c’est ici le premier enregistrement, est accompagné par le pianiste Guillaume Vincent à qui l’on doit notamment un remarquable CD Liszt (voir Opus HD N°169 + Interview). Les deux musiciens parlent donc d’une seule voix pour définir leurs choix interprétatifs "Nous avons poussé les limites, jusqu’au bout de nous-mêmes, dans une quête radicale de liberté et d’authenticité. Extraire la substance de l’écriture du compositeur, faire jaillir de chaque harmonie sa signification originelle la plus intense, approcher les dimensions sensibles les plus éloignées, s’autoriser à quitter le monde concret pour pénétrer dans l’univers sonore infini de Strauss et Franck" Choix qui, à n’en pas douter, en séduiront certains et en irriteront d’autres. Néanmoins, avec une énergie de chaque instant, dont la passion musicale demeure palpable de bout en bout, Brieuc Vourch et Guillaume Vincent proposent une vision nouvelle de ces partitions.
Jean-Jacques Millo |