Opus Haute Définition e-magazine

Gustav Mahler

Le Chant de la Terre

Dame Sarah-Conolly (mezzo-soprano). Robert Dean Smith (ténor). Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin. Vladimir Jurowski (direction)

Pentatone PTC 5186 760, Bertus

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

Disons-le d’emblée, Vladimir Jurowski signe ici une des plus belles versions, de ces dernières années, du chef-d’œuvre de Gustav Mahler. Dame Sarah Conolly, mezzo soprano bouleversante et Robert Dean Smith, ténor majestueux, en partagent les lauriers. Derick Cooke, le compositeur qui acheva l’ultime symphonie du maître viennois, Analysait ainsi "Le chant de la Terre" : "En s’éveillant de sa vision d’une humanité sauvée pour se retrouver dans une vallée, à l’ombre d’une mort prématurée, que pouvait donc entreprendre Gustav Mahler contre "l’esprit de négation" ? La vision demeurait valable, mais pour l’humanité dans son ensemble. A l’individu confronté à l’idée de sa propre désintégration, elle n’apportait aucun réconfort. L’affirmation de vie de la Première symphonie et de la Cinquième étaient désormais impossible ; la foi de la Deuxième, de la Troisième et de la Quatrième insaisissable ; et le nihilisme de la Sixième impensable. Une défaite spirituelle paraissait en vue. Mahler a donc était contraint de battre en retraite, jusque dans son bien indestructible, son amour intense de la vie. Dans cette dernière période, il ne veut laisser ni la maladie, ni la dépression physique, ni les tourments de son esprit, ni même l’horreur grimaçante de la mort détruire sa foi en la beauté de la vie et dans le plaisir de vivre. A la défaite, il a arraché une ultime justification de l’existence humaine. Les dernières œuvres sont incontestablement un adieu déchirant à la vie, mais un adieu d’amour et non d’amertume. Une attitude pessimiste ? Ils sont rares ceux qui, comme Beethoven, ont été capables de "prendre le destin à la gorge" ou de lui faire face avec autant d’audace, pour tomber au combat aussi courageusement que Mahler".

Jean-Jacques Millo

Let it be said from the start, Vladimir Jurowski has here signed one of the best versions of Gustav Mahler’s masterpiece from the past few years. Dame Sarah Conolly, a deeply moving mezzo soprano, and Robert Dean Smith, a majestic tenor, share the laurels. Derick Cooke, the composer who completed the final symphony by the Viennese master, analyzed “The Song of the Earth” as such: “Awakening from his vision of a saved humanity only to find himself in a valley, in the shadow of a premature death, what could Gustav Mahler do against “the spirit of negation”? The vision remained valid, but for humanity as a whole. For the individual confronted with the idea of his own decay, it brought no comfort. The affirmation of life of the First and Fifth Symphonies was hereon in impossible; the faith of the Second, Third, and Fourth inaccessible; and the nihilism of the Sixth unthinkable. A spiritual defeat appeared in view. Mahler was thus forced to retreat, up to his indestructible core, his intense love of life. In this last period, he doesn’t want to allow sickness, physical depression, spiritual torments, nor even the grimacing horror of death destroy his faith in the beauty of life and the pleasure of living. From defeat he snatched an ultimate justification of the human existence. The last works are incontestably a harrowing farewell to life, but a loving farewell and not one of bitterness. A pessimistic attitude? Rare are those, like Beethoven, who were capable of “taking their fate by the throat” or of facing it with so much audacity, to die in combat as courageously as Mahler.”

Translation Lawrence Schulman

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