C’est une promesse qui est à l’origine de la genèse de la Grande Messe en ut mineur KV.427, restée inachevée, de Mozart. "J’ai vraiment fait la promesse au fond de mon cœur et espère bien la tenir. Lorsque j’ai fait ce serment, ma femme était encore célibataire - et comme j’étais fermement décidé à l’épouser peu après sa guérison, il m’était facile de faire cette promesse - mais le temps et les circonstances ont empêché notre voyage, comme vous le savez ; - et comme preuve de la sincérité de mon serment, j’ai ici la partition d’une messe à moitié composée, qui attend d’être portée à son terme". Ainsi s’exprimait le maître de Salzbourg dans une lettre à son père datée du 4 janvier 1783. Et c’est avec pertinence que Marie-Aude Roux déclare : "L’inachèvement d’une œuvre reste toujours, quel que soit le compositeur, une source d’interrogations : quand il se double d’une destination ou de motivations sujettes à certaines ambiguïtés, cela confine à l’énigme... Ainsi cette messe est-elle apparue aux yeux de bien de ses glossateurs". Le chef d’orchestre Marc Minkowski et son ensemble "Les Musiciens de Louvre" sont ici à la tâche pour nous offrir une vision enlevée, voire surprenante de ce chef d’œuvre. Les Sopranos Ana-Maria Labin et Ambroisine Bré, ainsi que le ténor Stanislas de Barbeyrac et la basse Norman Patzke participent de cette approche quelque peu novatrice, au souffle indéniable. Un CD des grands jours à ne pas ignorer.

Jean-Jacques Millo